Profil Sensoriel et autisme
- RUBIO
- 29 août 2018
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Le profil sensoriel, c'est quoi?
Au sein de l'I.M.E où j'ai pris mes fonctions de psychomotricienne depuis quelques années, nous avons, ma collègue psychologue et moi-même, travaillé sur les différents moyens d'apaisement pour les jeunes pouvant présenter des troubles du comportements divers. Nous avons alors aménagé différentes salles permettant de s'apaiser.
L’IME accueille des jeunes présentant une déficience intellectuelle, avec ou sans troubles associés ainsi que d’autres présentant des troubles du spectre autistique. En ce sens et pour différentes raisons ils peuvent être amenés à manifester des états d’angoisse aigus, des tensions internes, voire même parfois des comportements dits « problème ».
Il s’agit selon la définition d’Emerson de « comportements d’une intensité, fréquence, ou durée telle que la sécurité physique de la personne ou d’autrui est probablement mise sérieusement en danger, ou comme des comportements susceptibles de limiter ou d’empêcher l’accès à l’utilisation des services ordinaires de la cité ».
Dans ce cadre, on peut citer les conduites auto et hétéro agressives, l’autostimulation sensorielle, les conduites sociales inappropriées, les troubles alimentaires et du sommeil sévères…
Plus rarement, on assiste à des pics d’intensité de ces comportements problèmes, que l’on peut qualifier de crises et qui nécessitent alors des réponses rapides de l’environnement.
L’objet de cette réflexion n’est pas le développement d’espaces d’apaisement pour gérer seulement les temps de crise mais aussi la mise en œuvre de mesures de prévention et de protection en amont, pour permettre à la personne de trouver un espace pour s’apaiser.
L’aménagement de l’espace est alors une réponse supplémentaire dans la prise en compte des besoins des jeunes et peut en effet permettre de penser l’accompagnement des jeunes accueillis de façon plus individualisée, en répondant à des besoins spécifiques identifiés par exemple lors d’évaluations antérieures (profil sensoriel, ROCS…).
…
Des fiches de suivi permettent d'établir une analyse qui concernent l’utilisation des différents espaces devraient ensuite aider à la compréhension et à une meilleure prise en compte de potentiels éléments déclencheurs et à affiner les moyens pour y répondre.
Ce travail consiste donc à répondre aux RBPP et à apporter des repères aux équipes en définissant la finalité du recours aux différents lieux de retrait et d’apaisement, leurs règles d’utilisation…
Définitions :
« Sensoriel : Qui se rapporte aux organes des sens, aux structures nerveuses qu'ils mettent en jeu et aux messages qu'ils véhiculent. (LAROUSSE). »
« Sensorialité : Caractéristique d'un être vivant pourvu d'un système sensoriel (LAROUSSE). »
La sensorialité concerne donc tous les êtres humains. Toutefois, même si pour la plupart n’avons pas de particularité sensorielle engendrant des troubles du comportement, certaines personnes se voient vivre avec des troubles sensoriels impactant leur vie quotidienne. C’est le cas notamment pour les personnes ayant un TSA. Attention, ce ne sont pas les seuls concernés.
Causes principales
"Les causes principales de l’apparition des troubles du comportement dans le Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA) sont
· Le trouble de la communication
· Le trouble du traitement des informations sensorielles
· Les douleurs somatiques
Afin de comprendre et d’accompagner au mieux la personne avec Autisme, il est donc nécessaire de bien prendre en compte les troubles sensoriels éventuels qui peuvent perturber significativement le développement et les comportements au quotidien.
Depuis la publication du DSM-5 en 2013, les troubles sensoriels font partie intégrante du diagnostic. Une hyper ou hypo réactivité à des stimuli sensoriels ou des intérêts inhabituels envers des éléments sensoriels de l’environnement y sont décrits.
Comme par exemple :
· Une indifférence à la douleur/température
· Une gêne à certains sons ou textures
· Une fascination pour les lumières ou objets qui tournent. " (Article sur internet, CRA de Tours)
Il est donc important, dans un premier temps, de pouvoir repérer puis analyser des comportements « problèmes », et de réfléchir quant au contexte d’apparition. A partir de cette analyse, nous pourrons observer si les expériences sensorielles sont soit : privilégiées, négligées, gênantes ou encore envahissantes.
« Le trouble du traitement sensoriel touche quasiment toutes les personnes avec Autisme mais est très variable d’une personne à l’autre (en intensité, en fréquence, en nombre de modalités touchées). Il peut changer au cours d’une même journée (en fonction de l’état de fatigue, de la période de digestion…) et se transforme au cours du neurodéveloppement.
Les modalités sensorielles :
Le trouble du traitement des informations sensorielles peut toucher toutes les modalités sensorielles.
o Les systèmes sensoriels les plus connus sont :
- la vision
- l’audition
- le toucher
- l’olfaction et la gustation.
o D’autres modalités moins connues sont toutes aussi importantes à prendre en compte :
- le système vestibulaire est le sens de l’équilibre qui fournit des informations sur la position de la tête et sur les déplacements dans l’espace.
- le système proprioceptif ou sensibilité profonde renseigne sur l’état et la position du corps grâce à des récepteurs localisés dans la musculature profonde, les articulations et les tendons.
- la nociception et la thermoception sont respectivement les sens de la douleur et de la température. » (Site internet, CRA de Tours).
Outils cliniques
Il existe plusieurs outils cliniques pour évaluer le profil sensoriel d’un individu.
Profils sensoriels de Winnie DUNN
o le 1er (enfant tout venant de 3 ans à 10 ans et 11 mois)
o et le 2ème (3 ans à 14 ans et 11 mois)
Profil sensoriel et Perceptif Révisé de Olga BOGDASHINA (enfants avec TSA)
Profil sensoriel et Perceptif de Isabelle Dufrénoy ( Items extraits du PSP-R, Olga. Bogdashina-1983 « L’étape sensorielle »-Isabelle Dufrénoy- Janvier 2015 ).
Et bien d’autres : ESAA (Evaluation Sensoriel de l’Adulte avec Autisme), Bilan Sensori-moteur d’André BULLINGER (formation spécifique) …
En ce qui concerne l’outil de W. DUNN, il a pour objectifs de :
· Mesurer les capacités de traitement de l’information sensorielle,
· Connaitre l’impact du traitement sensoriel sur la vie quotidienne,
· Planifier une intervention.
Passation : 125 items, rempli par le(s) parent(s) (sans professionnel sauf si aide nécessaire) ou personne qui est au plus proche du quotidien du jeune (éducateurs, assistante familiale…), réponse en fréquence d’apparition du comportement.
Les professionnels habilités à analyser le questionnaire (formation nécessaire au préalable) : psychomotricien, psychologue, médecin, orthophoniste, ergothérapeute.
Suite à la passation du profil sensoriel de DUNN, 4 profils en continuums peuvent en découler en fonction de la sensibilité de la personne, du seuil neurologique et de ses réponses comportementales :
o Hypo-réactivité (répond peu aux sensations),
o Recherche (se fournit de la sensation),
o Hyper-réactivité (répond à toutes les sensations),
o Évitement (se protège contre le trop plein de sensations).
Pour résumer, on pourra également repérer soit une hypersensibilité, une hyposensibilité ou un trouble de la modulation sensorielle. Sachant que l’on peut être hypo ou hyper à la fois.
Exemple : hypo sensible au niveau auditif et hypersensible au toucher.
Une fois l’analyse terminée on pourra adapter notre accompagnement au quotidien pour répondre aux besoins sensoriels de la personne notamment par un casque antibruit, des séances de relaxation par la psychomotricienne, limiter les lumières fortes...
Suite à l’évaluation sensorielle, le matériel est choisi par ou pour le jeune en fonction de ses besoins.
Poste cd avec musique, objets sensoriels (balles à picots, balle avec paillettes, lampe à fibres optiques…), matelas, couverture…
Je vous invite à consulter le site du CRA de Tours pour obtenir davantage d'explication.
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